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11 septembre intime

« Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Maris et les autres : chacun ses symboles. Chacun ses écroulements intérieurs. Comment, au milieu de la réprobation mondiale, que tympanisent les chaînes d’info, comment exprimer ce sentiment, de vivre un 11 Septembre intime ? », s’interroge Daniel Schneidermann, le journaliste d’Arrêt sur Images.

Comment y faire face ? Et comment réagir ? Les nombreuses manifestations spontanées sont déjà une réponse, une affirmation que le peuple français est uni, calme, solidaire, intransigeant sur ses valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité.

A Vallauris Golfe-Juan, l’émouvante minute de silence qui a eu lieu à midi devant la mairie en présence de centaines de personnes a été suivie d’un autre rassemblement citoyen, spontané, initié sur les réseaux sociaux, réunissant encore des centaines de personnes.

CharlieHebdo Vallauris  Charlie Vallauris soir

Outre l’immense émotion et l’envie de chacun de clamer les valeurs républicaines qui nous rassemblent au-delà de nos opinions politiques, de nos origines, de nos croyances, faisons également entendre le message qui se répétait dans les rangs des personnes présentes : « Pas d’amalgames ! ».

Les abrutis sanguinaires qui ont tué ne sont pas des produits de l’Islam mais des criminels, comme les membres du Ku Klux Klan  ne sont pas des produits du catholicisme mais des criminels.

Aujourd’hui, les vallauriens et les golfe-juanais de confession musulmane ont peur de ces amalgames. Bien sûr, nous souhaiterions tous qu’ils soient plus présents et qu’ils affirment fortement le dégoût qu’ils ressentent vis-à-vis de cet attentat, tout en ayant conscience qu’il est parfaitement injuste de leur demander de se désolidariser d’actes avec lesquels ils se sentent totalement étrangers (qui aurait osé demander aux vallauriens et aux golfe-juanais de confession catholique de se désolidariser officiellement des actes de pédophilie commis dans certains diocèses ?). Nous devons tous faire l’effort de la compréhension de l’autre.

Dans quelques jours, l’émotion et la désapprobation unanimes vont laisser place à la colère. Les charognards des différents extrémismes vont à nouveau attiser les haines, nous interrogeant sur notre capacité individuelle à rester les ambassadeurs de la République que nous sommes devenus, par la force des choses.

Après le massacre d’Utoya et la réaffirmation de la fermeté du pays envers l’assassin,  le premier ministre norvégien a prononcé des mots qui devraient nous inspirer dans les mois qui viennent : «J’ai un message pour celui qui nous a attaqué et pour ceux qui sont derrière tout ça : vous ne nous détruirez pas. Vous ne détruirez pas la démocratie et notre travail pour rendre le monde meilleur. (…) Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance. »

Le monde nous regarde.

Soyons à la hauteur, ensemble.